PEDAGORE 09

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Journal pedagore

 

date de dernière modification du journal 2008-2009: 6 juin 2009

Journal pedagore 2007-2008

 

Sommaire

école de musique, entre production et acquisitions de compétences

 


octobre 2007

Ecole de Musique, entre production et acquisitions de compétences

(Cf "Faire l'Ecole, faire la classe", Philippe Meirieu, esf, p. 48-49, "principe N°10…")

Entre production et apprentissage : l'école de musique, de par ses deux mots constituants principaux de son titre, "école" et "musique", a une double appartenance, un double enjeu, dans une même "maison". En tant que "musique", elle participe à l'action artistique, aux "mondes de l'art" (cf. Howard Becker "Les mondes de l'art", ed. Flammarion), et par-là se préoccupe de la "production" dont elle se doit garante de qualité. En tant qu' "école", elle participe à l'action pédagogique, éducative, formatrice, permettant à des élèves d'acquérir des compétences, d'effectuer des apprentissages, la "production" étant au service de ces acquisitions, moyen d'atteindre des objectifs d'apprentissage.

Sans les (faire) jouer l'un contre l'autre, comment permettre à ces deux pôles de jouer leur complémentarité annoncée dans l'intitulé "école de musique" ? Comment sont-ils et ont-ils été considérés dans les conceptions des écoles de musique ?

Une entrée pour tenter de répondre à cette interrogation est l'évaluation, qui souvent est révélatrice de l'attente qui est mise sur l'apprentissage, de la conception de celui-ci.

La plupart du temps, du moins en ce que j'ai pu constater en tant qu'enseignant mais auparavant en tant qu'élève, l'évaluation "institutionnelle" est basée essentiellement sur la "production", qui à elle seule devrait permettre d'attester de l'acquisition de compétences, de savoirs, de savoir-faire.

Si à un niveau de professionnalisation, c'est bien la production, qui sera l'élément de référence de pertinence et de qualité artistiques, il n'est pas sûr que cela doive être le cas en ce qui concerne l'école de musique. Sans nier l'importance de la production à l'école de musique, tout au long des Cursus, l'élève étant également musicien à son "niveau" (dans le sens le plus objectif du terme). De par ce statut, et dès le début de son parcours en école de musique, l'élève-musicien "produit" de la musique de qualité, selon les moyens auxquels il a accès. Mais avec ceci, il y a également toute une part d'acquisitions qu'il fait et fera au long de son parcours, et qui ne seront pas forcément traduisibles en production. Et ces acquisitions sont importantes dans son développement en tant que personne, et doivent tout aussi bien pouvoir être reconnues comme élément de progression, de dépassement de paliers, et donc évalués… Oui, mais comment ?

Et là, il n'y a pas "une" solution à trouver, mais bien différentes réponses à faire valoir, chacune pouvant avoir sa pertinence en une situation définie. Encore s'agit-il de définir ces situations, de les reconsidérer à chaque fois, de nommer objectifs et apprentissages, en  tenant compte de la situation et du chemin de l'élève. Cela peut être au niveau de l'élève en situation individuelle, d'élèves dans le cadre d'un groupe, d'une classe, d'un projet inter-classes,…

Cela demande d'imaginer différents cadres d'évaluation, différents dispositifs ouvrant sur la différenciation, mais tout en gardant une cohérence institutionnelle…

Au-delà de la problématique de l'évaluation, le questionnement et sur le rapport et la tension entre "produit" et "apprentissage" mérite réflexions, échanges et débats, se trouvant au cœur même de l'école de musique.

Alors allons-y !

Luc Fuchs, octobre 2007

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Janvier 2009

Enseigner sans avoir la réponse…

En étudiant et pratiquant le questionnement dans l'enseignement, nous pouvons relever plus spécialement une catégorie de questions qui n'ont pas de réponse connue pour l'enseignant. Ceci en contraste avec les questions plus "habituelles" qui ont déjà une réponse connue par l'enseignant, et qui lui permettent notamment de vérifier une connaissance chez l'élève, ou le mettre en travail, en chantier sur un sujet déterminé. [Ceci exprimé en raccourci; en référence au sujet, il y a le livre de Olivier Maulini Questionner pour enseigner & pour apprendre. Le rapport au savoir dans la classe
Paris : ESF, 2005 ]
Dans l'enseignement musical, et instrumental, nous pouvons aussi nous trouver dans des situations de " réponse non connue à priori ", en rapport à des tâches demandées aux élèves.
Dans une discipline "artistique" nous pouvons toujours avancer que la personnalité de chacun fait partie du jeu de l'interprétation… Laissons pourl'instant cet aspect de côté, combien même cette composante, ses enjeux et compréhensions dans la pédagogie représentent des sujets consistants de réflexions et de recherche.
Ici, la réflexion porte sur les tâches proposées à l'élève, les mise en chantier dans la construction de l'apprentissage, la réalisations des consignes s'y rapportant.
Cela touche au domaine de la créativité, de la création de l'invention, de l'investissement de l'élève dans son apprentissage. Par conséquent, cela touche aussi à la conception de l'enseignement, de la place donnée à l'élève, au rapport entre tradition et innovation.
En donnant une consigne à un élève, ou un groupe d'élèves, à quel degré avons-nous la "réponse" à laquelle il(s) doi(ven)t arriver ?
A quel degré les "guidons-nous" vers un "modèle", vers "notre réalité" empreinte de "nos représentations", à quel degré nous ouvrons-nous à leur lecture, leur compréhension, leur "imaginaire" ?
Avec la première option de l'alternative, (le "modèle" pré-vu), en tant qu'enseignant, nous nous appuyons sur quelque chose de relativement solide, du moins bien déterminé, qui fait aussi office d' "assurance", de "norme" établie.
Dans la deuxième, il y a une plus grande part d'inconnu, notamment par rapport à ce que sera la suite, l'évolution de la démarche et sa situation dans le parcours de l'élève (des élèves). Ce qui implique une analyse plus "vigilante" des propositions de réalisation, et de recherche de compréhension du chemin de l'élève, et des perspectives ainsi ouvertes, auxquelles nous ne nous attendions peut-être pas.
Ce qui conduit à une réflexion su l' "acceptation" : accepter la proposition de l'élève, et travailler avec lui pour son évolution, avec l'évaluation de la pertinence et cohérence de cette proposition, accepter de devoir emprunter des chemins non prévus, quitte à les défricher en même temps que l'élève, accepter l'élève comme participant à l' "enseignement".
Ce qui conduit aussi à un enrichissement du "répertoire" pédagogique, à un renouvellement et une évolution d'un enseignement au service de l'apprentissage.

Ce qui signifie prendre des risques, mais par là permettre que s'accomplisse un apprentissage et une évolution inattendue, tenant de l'improbable magie de l'action pédagogique.

C.f. compolego

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